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FÉVRIER 1994

Zdar et Boombass sur Mo’Wax

Un duo de producteurs ayant travaillé avec le rappeur MC Solaar sort son premier maxi Tribulations Extra Sensorielles. Philippe Zdar et Hubert Boombass se font alors connaître sous le nom La Funk Mob et proposent un trip-hop intemporel piochant joyeusement dans le jazz et le funk. Signé sur le label britannique Mo’ Wax, une référence du genre, il démontre que les Français sont désormais pris très au sérieux outre-Manche. Quelques années plus tard, les deux acolytes se lanceront dans un projet plus house : Cassius.


AVRIL 1994

Création de F Communications

Après avoir fermé Fnac Music Dance Division, Éric Morand et Laurent Garnier montent leur propre label, cette fois-ci en indépendants, F Communications. Ils ont pour cela obtenu le soutien du distributeur belge PIAS – Play It Again Sam – qui leur laisse carte blanche sur l’artistique. La lettre F affirme l’origine française de la structure mais est également un plaidoyer pour l’amour de la musique. Le premier slogan “After E Comes F” signifiant qu’après la drogue – E pour ecstasy – vient la musique. Le design soigné des pochettes est confié à une jeune graphiste, Geneviève Gauckler. Les premiers artistes signés – Ludovic Navarre, alias St Germain, Shazz et Scan X – étaient déjà présents au catalogue Fnac. D’autres les rejoignent bientôt comme Nova Nova, Lady B, Juantrip’ ou Aqua Bassino. Tous acceptent d’avoir une exclusivité avec le label, ce qui lui confère un esprit de famille. C’est aussi un label militant pour la reconnaissance des cultures électroniques, à une époque où la répression des autorités contre les raves est à son comble. En octobre 1994, Laurent Garnier publie Shot In The Dark, premier album techno français de l’histoire. Mais F Communications refuse de s’enfermer dans une chapelle dancefloor et sort également des productions destinées à l’écoute “domestique”. Une compilation downtempo, Musique pour les plantes vertes, est publiée en 1996 et des artistes hors format comme A Reminiscent Drive, Ready Made ou Avril rejoignent l’écurie parisienne. La devise maison devient “Electronic With No Limit”. En 1999 le label connaît son plus grand succès avec le maxi “Flat Beat” de Mr Oizo. Deux millions d’exemplaires sont vendus dans le monde. Victime de la crise du disque, le label se met en sommeil en 2008. Mais il garde une aura certaine de par son statut de pionnier dans la diffusion d’une musique électronique française de qualité.


Logo du label Epiteth

MAI 1994

La French Touch du hardcore

1994 est une année fertile pour la création de labels électroniques en France. On voit même apparaître des structures intégralement dédiées au hardcore, un genre alors en pleine effervescence. Parmi les plus importantes d’entre elles, il y a Epiteth, fomentée par le DJ Laurent Hô. Il y définit les contours d’une musique très industrielle, imposant un “french sound” sur la scène hard, à l’opposé du très populaire gabber hollandais, volontiers plus happy et surproduit.

JUILLET 1994

Premier single de David Guetta

DJ et directeur artistique dans plusieurs clubs parisiens – Le Queen, Le Folies Pigalle, Les Bains Douches, Le Palace – David Guetta sort son premier maxi house/garage Up and Away. Il s’est adjoint pour cela les services du DJ/chanteur chicagoan Robert Owens, l’une des voix les plus emblématiques du genre. Cela restera un “one shot”, David Guetta ne revenant à la production qu’à partir de 2001 avec des morceaux beaucoup plus grand public.

SEPTEMBRE 1994

La boutique Rough Trade

Le quartier de la Bastille à Paris devient l’épicentre de la scène électronique notamment par la présence de nombreux disquaires spécialisés. Un “triangle d’or” délimité par les rues de Charonne, des Taillandiers et Keller a notamment vu s’installer les boutiques Bonus Beat/BPM, TSF et Techno Import. C’est également là que l’on trouve la succursale française du mythique magasin indé Rough Trade, créé à Londres à la fin des 70’s. En cette année 1994, l’électronique y prend une place de plus en plus importante et occupe désormais tout le rez-de-chaussée, le rock étant remisé à l’étage supérieur. On retrouve derrière le comptoir les artistes Arnaud Rebotini et Ivan Smagghe, qui formeront plus tard le duo électro Black Strobe. Ivan Smagghe n’a d’ailleurs pas une très bonne réputation, beaucoup de clients lui reprochant sa nonchalance et son ton hautain. Cela n’empêche pas une bonne partie de la future “French Touch” – première du nom – de venir y faire régulièrement ses emplettes. Comme dans les autres boutiques, les jours d’arrivage des imports sont particulièrement prisés, nombre de DJs parisiens se présentant dès l’ouverture pour être certains de ne pas passer à côté d’une pépite.

L’équipe de Rough Trade à la soirée Respect à Artefact (de gauche à droite)
Philippe Zdar, Georges Issakidis, Arnaud Rebotini, Jêrôme Mestre, DJ Cam et Ivan Smagghe).

 

Au milieu des années 90, Internet est encore balbutiant et les réseaux sociaux inexistants. Ces boutiques constituent donc des lieux de rencontres privilégiés pour les acteurs de la scène, loin du tumulte des soirées. Beaucoup d’amitiés et de projets musicaux sont nés autour des bacs de vinyles. C’est aussi là que l’on vient s’informer des soirées à venir et récupérer de précieux flyers. La province aussi voit se mettre en place des “quartiers généraux” similaires comme Sonido del Futuro à Toulouse, Pinguin’s à Montpellier, Smart Import à Marseille ou Indépendance Records à Lyon.

Flyer de la Got Milk

DÉCEMBRE 1994

La Laiterie inaugure ses soirées Got Milk

Alors que la fièvre des raves s’est déjà emparée de l’Île-de-France, de la région Rhône-Alpes, du grand Sud ou de la Bretagne, l’Est et sa capitale Strasbourg voient débarquer la Got Milk. La soirée est intitulée ainsi, car ses premières éditions se tiennent dans la fameuse salle de La Laiterie. Bientôt à l’étroit, elle migre ensuite au Hall Rhénus pouvant accueillir plus de 10 000 personnes. Pendant dix ans, la Got Milk animera les nuits alsaciennes à un rythme semestriel.

La jungle/drum’n’bass débarque en France

Programmateur pour Radio Nova, le DJ Gilb’r se passionne rapidement pour le nouveau son électronique venu d’Angleterre : la jungle/drum’n’bass. Il en sort la première compilation mixée française Jungle Vibes qui contient en réalité des productions essentiellement britanniques. Avec la création du label Versatile en 1996, Gilb’r délaissera progressivement la jungle pour se rapprocher d’une scène house sans œillères.