Le duo parisien Paradis, formé de Simon Mény et Pierre Rousseau sort Couleurs Primaires, son premier EP pour le label Barclay, qui permet au groupe de se faire remarquer avec deux singles : “Sur une chanson en français” et “Garde le pour toi”. Entre house et chanson française, ils cumulent plus de deux millions de vues sur Youtube. L’album, Recto Verso, sortira en septembre 2016.
Le producteur Romain Delahaye, alias Molécule, sort un album de techno, 60°Nord 43’, composé pendant un voyage de cinq semaines à bord d’un chalutier et accompagné d’un journal de bord. Fin novembre, c’est William Rezé, alias Thylacine, qui sortira Train, disque composé à bord du Transsibérien, accompagné lui d’un documentaire en dix épisodes.
Cela faisait huit ans que Jean-Michel Jarre était resté muet en studio, depuis la sortie début 2007 de son dix-septième album, le conceptuel Téo et Téa. Une absence rompue par la sortie d’un nouveau disque chez Columbia, label phare de Sony. Electronica 1 : The Time Machine voit le pionnier de la musique électronique française sortir un album entièrement composé de duos, où il s’associe à différentes générations de producteurs électroniques et même de vocalistes. Un disque composé durant quatre longues années, pour dit-il “mélanger mon ADN à celle de musiciens qui m’inspirent et qui font partie de l’histoire de la musique électronique”. Parmi les invités de tous horizons, la performeuse Laurie Anderson, l’ancien Depeche Mode Vince Clarke, Pete Townshend, guitariste des Who ou le cinéaste John Carpenter pour les anciens. Air, M83 et Gesaffelstein pour la French connection, et même le roi de la trance néerlandaise, Armin Van Buuren, ou 3D de Massive Attack. Le début d’une seconde jeunesse pour le compositeur du mythique Oxygène (1976).
L’année suivante sortira une suite, Electronica 2 : The Heart of Noise, avec les Pet Shop Boys, Rone, Sébastien Tellier, Jeff Mills et même Edward Snowden, le lanceur d’alerte américain qui a révélé la surveillance de masse opérée par les services secrets américains sur les populations occidentales. En toute fin d’année 2016, le 2 décembre, sort encore Oxygène 3, suite d’Oxygène et de Oxygène 7-13 (sorti en 1997 et hommage au pionnier Pierre Schaeffer, fondateur du Groupe de Recherches Musicales). Le vétéran de l’électronique n’a pas l’inspiration en berne.
À la fin du mois de mars sort le premier maxi de Jacques. Un an plus tard, il fait déjà partie des figures incontournables de la scène électronique française, avec pourtant à peine six morceaux à son actif. Ce premier EP, Tout est magnifique, est composé de quatre titres édités par le collectif et label strasbourgeois exilé à Paris, Pain Surprises, qui s’est fait connaître comme organisateur de fêtes, mais qui a aussi servi de rampe de lancement à des artistes comme Jabberwocky ou Grand Soleil. Une première sortie de Jacques, portée par un mélange de techno mentale et d’électronica ludique où il utilise de nombreux sons de la vie réelle, une forme de “field recording” du quotidien pour laquelle il enregistre casseroles et autres objets triviaux. Une originalité et une dimension ludique qui vont lui offrir une notoriété qui grandit en flèche.
Ses performances live, proches de l’improvisation où il se sample en direct tapant sur des bidons ou soufflant dans des tuyaux remportent un succès fracassant. On a ainsi pu le voir fêter les 160 ans du BHV Marais en septembre 2016, juché sur un balcon devant une foule massive et créant au fur et à mesure de nouveaux sons en se servant d’ustensiles uniquement trouvés dans le magasin. Son parcours éclair passe également par une performance très réussie aux Rencontres Trans Musicales de Rennes fin 2015, puis la sortie à la mi-2016 du morceau “Dans la Radio” réalisé à partir de sons captés à la Maison de la Radio. Jacques est aussi repéré pour son humour, qui passe notamment à travers sa coupe de cheveux décalée ou sa chaîne YouTube Centre National de Recherche du Vortex, où il réalise des expériences aussi absurdes que “défenestrer une fenêtre” ou “balayer des balayettes”.
Découvert en 2011 sur Clown & Sunset, le label du Chilien Nicolas Jaar, puis sur son successeur Other People, le jeune Français Valentin Stip est l’un des meilleurs espoirs de la catégorie que l’on nommait autrefois électronica, à savoir une musique lente et gracile, qui emprunte aussi bien à la musique classique, aux brisures rythmiques, à l’ambient qu’aux dancefloors le plus délicats.
Un an après son premier album Sigh, tour de force à la production ciselée, Valentin Stip réalise pour French Waves “Working Tree”, un titre aux confins du field recording, où il enregistre les bruits de branches dans la forêt pour ensuite construire son track autour.
Après quelques disques autoproduits, le groupe de techno festive Salut C’est Cool, qui remplit déjà des scènes partout en France, confirme son succès avec un premier album chez Barclay, Sur le Thème des Grandes Découvertes, qui se conclut sur son morceau le plus célèbre, “Techno Toujours Pareil”.
Aux premiers jours de l’été sort Daft Punk Unchained, documentaire réalisé par Hervé Martin Delpierre et diffusé sur Canal +, qui revient sur vingt ans de carrière des deux robots et remonte jusqu’à Darlin’, le groupe que Thomas Bangalter et Guy-Man de Homem-Christo formaient en 1992 avec Laurent Brancowitz, futur guitariste de Phoenix.
Théo Le Vigoureux alias Fakear, a tout juste 25 ans quand il remplit son tout premier Olympia, le 8 octobre 2015. Il n’a surtout pas encore sorti le moindre album : le premier, Animal, sortira en juin 2016. Son pseudonyme est dérivé de l’anglais “fake ear” (“fausse oreille”), référence aux réactions perplexes de ses amis musiciens alors qu’il entamait une transition du rock vers la production électronique quelques années plus tôt. Sa musique, délicate, downtempo, emprunte de références world music et toujours habillée de guitares malgré son virage électronique, commence à séduire un large public en fin d’année 2013 après un passage remarqué au festival des Trans Musicales de Rennes, puis l’année suivante avec le maxi Sauvage, sur le jeune label Nowadays Records.
Son morceau “La Lune Rousse”, avec la chanteuse Deva Premal, cumule ainsi cinq millions de vues sur Youtube et deux millions d’écoutes sur SoundCloud. Il devient à partir de ce moment-là le chef de file d’une nouvelle génération de producteurs électroniques français, qui partage quelques références communes (l’Anglais Bonobo du label Ninja Tune, la nouvelle star australienne Flume, le beatmaker californien Flying Lotus…), d’où surgiront quelques mois plus tard ses amis Superpoze ou Dream Koala. Une vague populaire également en dehors de nos frontières, mais aux antipodes de la French Touch, car produisant une musique pas vraiment faite pour danser et ne se destinant pas au club.
Ludovic Navarre, quinze ans après son deuxième album Tourist, fait revivre son projet St Germain avec un troisième disque chez Parlophone. Une collection de morceaux inspirés autant par la house que par les musiques africaines, qui paraît le 9 octobre avant une tournée française.
Le colloque-atelier autour de la musique électronique Red Bull Music Academy pose ses valises à Paris de fin octobre à fin novembre, pour la première fois. Au programme : des soirées, concerts, conférences et sessions de travail autour d’une promotion de trente jeunes artistes qui collaborent dans les studios Red Bull. L’évènement sera interrompu par les attentats du 13 novembre.
Le magazine Tsugi inaugure sa webradio dirigée par Antoine Dabrowski, transfuge de Radio France. Au menu, un flux ininterrompu de musique aussi éclectique que la ligne éditoriale du magazine, laissant une large place à la nouvelle scène française, ainsi que des pastilles d’interview, des mixes de DJs comme Louisahhh!!! ou de journalistes comme Nico Prat. La radio s’exporte aussi pour réaliser des plateaux en direct des plus grands festivals de France, comme les Trans Musicales, Panoramas ou Riddim Collision.
L’auteur Raphaël Malkin publie un ouvrage sur la grande histoire de la French Touch, Music Sounds Better With You (référence au tube de Stardust) aux éditions Les Mots et le Reste. Une histoire qu’il raconte en suivant cinq figures marquantes des débuts de l’électro en France : le journaliste David Blot, l’organisateur de soirées Frédéric Agostini, le manager de Daft Punk Pedro Winter et les deux DJs et producteurs Philippe Zdar (moitié de Cassius) et Dimitri From Paris.