C’est sur les cendres de l’ancien Tryptique, rue du Faubourg Montmartre à Paris que va être lancé le 17 janvier 2008 le lieu emblématique de ce que l’on a baptisé la French Touch 2.0 : le Social Club. Il deviendra vite une seconde maison pour les labels Ed Banger et Institubes, dont les artistes, de Justice à Surkin en passant par Feadz ou Teki Latex, seront des habitués des platines. Malgré une sélection parfois difficile à l’entrée, c’est toute une génération de “club kids” qui s’approprie l’endroit avec des codes (slam, pogo, regards tournés vers la scène) qui ont plus de rapports avec ceux du rock que ceux de la scène électronique. Si les Français sont bien sûr les rois du Social, ils invitent leurs copains étrangers comme Boys Noize, A-Trak, 2 Many DJ’s ou Erol Alkan à des soirées mémorables qui contribuent aussi au rayonnement international du mouvement. Alors que les clubs n’ouvraient généralement leurs portes qu’en fin de semaine, le Social se permettait lui de démarrer les soirées dès le mardi dans une configuration réduite nommée le Petit Social, avec des propositions qui dépassaient souvent le cadre électronique. À l’image de Let Me Ride, une fameuse résidence hip-hop/RnB de Brodinski et DJ Mehdi. Le décès tragique de ce dernier en 2011 marqua d’ailleurs le lent déclin d’un lieu et d’une scène dont il était l’un des piliers.
De Perpignan à Nice, pour tout raver de l’arc méditerranéen, les soirées Dragon Bal ont été leur point de ralliement. Quinze années de fêtes techno qui se concluent en apothéose le 23 février dans les Halls de Martigues avec Jeff Mills, Manu Le Malin, Umek, The Hacker et Oxia.
Sortie le 25 février de Sexuality, le troisième album de Sébastien Tellier, produit par Guy Manuel De Homem-Christo, moitié de Daft Punk. Un disque très électronique et mélodique où on retrouve des titres comme “Roche” et “L’amour et la violence” qui sont parmi les plus populaires du répertoire du Parisien.
Institubes, le label phare de la French Touch 2.0 fête ses cinq ans, le 14 mars au Bataclan à Paris, en réunissant ses meilleurs activistes : Surkin, Jean Nipon, Das Glow, Para One, Bobmo, Curses, Orgasmic.
C’est en 1995 que le Rex Club à Paris bascula totalement dans la musique électronique pour devenir le temple de la house et de la techno. Du 14 au 31 mai, le club du boulevard Poissonnière souffle ses vingt bougies de nuits électroniques avec entre autres Agoria, Boys Noize, Dave Clarke, Larry Heard et bien évidemment Laurent Garnier, qui clôture les festivités avec un set de 12h d’affilé de minuit à midi dont il a le secret.
Avec le clip du morceau “Stress” de Justice mélangeant violences urbaines et crise des banlieues, la French Touch 2.0 s’offre la plus grosse polémique engendrée par la scène électro depuis l’âge d’or des free parties. Nombreux sont ceux qui reprochent au clip sa violence et son cynisme. Derrière la caméra, filmant ces jeunes de banlieue vêtus de blouson avec la croix de Justice, et massacrant gratuitement tout ce qui se trouve sur leur chemin : Romain Gavras, 27 ans, fils du réalisateur Costa-Gavras, cofondateur avec Kim Chapiron du collectif cinématographico-hip-hop Kourtrajmé.
Sa collaboration avec Justice se poursuivra avec la sortie en novembre 2008 du DVD A Cross The Universe qui accompagne l’album live du même nom. Une plongée documentaire sur la vie de Justice lors de la tournée américaine, où le spectateur se demande en permanence s’il est confronté à la réalité ou à de la fiction. Si le duo français occupe évidemment une place de choix, le film fait aussi la part belle à leurs compagnons de route avec à leur tête leur mentor Pedro Winter, le boss de leur maison de disque Ed Banger, mais également d’extravagants seconds couteaux comme le tour manager Bouchon, passionné d’armes à feu, ou le chauffeur américain de leur bus, obsédé par la religion. A Cross The Universe propose une vision très rock’n’roll, proche de la parodie, d’une tournée électro avec une succession d’orgies, d’alcool, de groupies et de bastons. La collaboration de Romain Gavras avec la scène électronique se poursuivra avec son premier long-métrage, Notre Jour Viendra (en 2010) dont SebastiAn, un autre poulain de chez Ed Banger, réalisera la bande originale.
À la fois label (les compilations Kitsuné Maison font office de références dans la découverte de nouveaux talents) et marque de vêtements (avec un petit renard comme logo), Kitsuné ouvre sa première boutique pour hommes et femmes au 52 rue de Richelieu à Paris.