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JANVIER 2005

La victoire de Air

Quatre ans après avoir été récompensé pour la bande-originale du film The Virgin Suicides de Sofia Coppola, Air reçoit une troisième Victoire de la Musique pour son album Talkie Walkie. En plus d’être salué par la critique, le disque est aussi un des albums de Air les plus populaires.

février 2005

Des médailles pour la French Touch

Que de chemin parcouru pour une musique qui se voulait au départ sans visage et qui a eu si longtemps mauvaise réputation. Si la French Touch n’a pas attendu de reconnaissance quelconque pour conquérir le monde, la symbolique est forte : Air, Philippe Zdar et Dimitri From Paris reçoivent le titre de Chevaliers des Arts et des Lettres des mains du ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres. Pas certain qu’il fut un grand fan, mais le geste sera apprécié.

Article du Nouvel Observateur

Jean-Benoît Dunkel, le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, Nicolas Gaudin, Philippe Zdar et Dimitri From Paris.  

mars

Le bug des Daft

C’est la gueule de bois pour Daft Punk : Human After All, le troisième album du duo, déçoit autant les fans que la presse. Beaucoup moins séduisant et accessible, le disque révèle une autre facette des Daft, plus rêche. Si ce troisième disque est un peu réévalué aujourd’hui, il symbolise à l’époque la fin des années de grâce de la French Touch et ne connaîtra pas un grand succès.

juin 2005

Kill the DJ du Pulp

La toute première sortie du label parisien Kill The DJ est une reprise : Jennifer Cardini reprend le morceau “Amoureux solitaires” de Lio. Un titre sombre et romantique qui va parfaitement à ce nouveau label qui se veut dansant, poétique, mais aussi politique. Ce label est né au Pulp, un minuscule club du Boulevard Poissonnière à Paris qui, jusqu’à sa fermeture en 2007, a été un rendez-vous de la scène underground et surtout un club de filles ouvert aux garçons “qui se tenaient bien”.

C’est dans ce temple de la nuit lesbienne, ouvert aux hétéros, que Chloé, Ivan Smagghe, Fany Corral et Stéphanie Fichard organise les soirées Kill The DJ tous les jeudis soirs. On y passe aussi bien de la techno que du rock ou de la new wave, sans se soucier des codes établis. Quelques années plus tard, ils vont avoir envie de presser sur vinyles la musique qui les anime : techno, house, pop, folk… rien n’est impossible pour le label qui fonctionne au coup de cœur et n’hésite pas à faire des grands écarts musicaux. Une vraie réussite dans le paysage électronique français puisqu’encore aujourd’hui, le label continue de faire bouger les lignes tant en termes de musique que de militantisme. En répandant ses ondes musicales, Kill The DJ, label essentiellement tenu par des femmes ouvertement homosexuelles, veut promouvoir les valeurs les plus importantes de la fête : partage, acceptation, échange.

septembre 2005

Bob et la Love Generation

Caché sous le pseudonyme de Bob Sinclar emprunté à Belmondo dans le film Le Magnifique, Christophe Le Friant, est un des pionniers de la French Touch qui a toujours affiché de manière décomplexée son envie de toucher le plus large public possible. Après un premier tube, “Gym Tonic”, en 1998 dont la paternité doit au moins autant à Thomas Bangalter des Daft Punk qu’à lui-même, il va finalement remporter le succès mondial auquel il aspire avec “Love Generation”, un tube porté par la voix de Gary Pine. Le morceau rentrera dans tous les foyers de France puisqu’il sera choisi comme musique du générique d’une nouvelle émission de l’époque, la Star Academy.

La French Touch 2.0 a son club

Malgré sa toute petite taille (il ne peut accueillir plus de 350 personnes), l’ouverture du Paris Paris va avoir une véritable importance sur la musique électronique française : en quelques mois, ce mini-club va en effet devenir le point de rendez-vous de toute la nouvelle génération de DJs de la French Touch 2.0 et sera le théâtre de fêtes mémorables. À l’image des iPod Battle que se livraient Ed Banger et Institubes.

octobre 2005

Le Français de chez Warp

À sa sortie, le disque Smash, signé par le Parisien Jackson (& His Computer Band) sur le label anglais volontiers expérimental Warp, fait figure d’ovni dans le paysage électronique français. Jackson pousse les machines dans leurs derniers retranchements et son disque fait aujourd’hui figure de chaînon manquant entre la scène électronique française des années 90 et celle des années 2000. Il influencera Justice et consorts, qui le citent volontiers comme une influence majeure.

Les Fluokids réveillent Internet

Alors qu’une vague de baby-rockers en boots et jean slims déferle sur la France (enfin surtout sur Paris) charriant une flopée de nouveaux groupes pas encore ou à peine majeurs tels que les Naast, Shades, Second Sex ou Plastiscines et les BB Brunes, une frange de la jeunesse décide de prendre le contrepied du “retour du rock” : Pharrell, Redhotcar et Guillaume, qui se sont rencontré via Internet, lancent un nouveau blog à l’opposé de l’imaginaire de l’époque. Couleurs flash, photos de soirées délurées, musique électronique : Fluokids détonne dans le paysage avec ses posts musicaux et lifestyle qui vont influencer toute une génération d’adolescents bien décidés à faire la fête sur de l’électro saturée. Tous les jours, la bande de Fluokids (qui passera de trois à sept membres) poste des nouveautés house, techno et pop, tout en revendiquant un style de vie hédoniste et la culture Internet.

Si le mouvement est français, il va s’étendre au monde entier : partout on commence à voir des jeunes s’habiller dans des tenues bariolées qui rappellent les années 80. Et le phénomène est aussi musical : des artistes comme Yelle, les Klaxons ou Calvin Harris émergeront en même temps que cette nouvelle jeunesse qui préfère aller dans les clubs électro qu’à des concerts de rock. Après huit années de service, le blog Fluokids ferme définitivement en 2013. Et emporte avec lui un vent de fraîcheur bariolé dont la génération MySpace se souviendra.

Kitsuné le label couture

Depuis 2002 déjà, Kitsuné Maison agite le monde de la mode à Paris en proposant un concept inédit : une marque de vêtements qui sort aussi des disques. Fondé par le duo franco-japonais Masaya Kuroki et Gildas Loaëc, qui a longtemps travaillé avec les Daft Punk, notamment pour gérer leurs labels Roulé et Crydamoure, Kitsuné Maison alterne sorties de collections textiles et disques de jeunes artistes pop des quatre coins du monde, notamment le premier album de Hot Chip. Mais en cette année 2005, ils vont avoir l’idée de concevoir une compilation de jeunes pousses de musique pop ou électronique, qui sortira régulièrement à la manière d’une collection de mode. En sortant la toute première Kitsuné Maison Compilation en 2005, le duo s’apprête à se faire une place dans la nouvelle scène French Touch 2.0. Aux côtés de l’électro de Ed Banger et Institubes, le label au logo de renard (Kitsuné en japonais) se donne pour mission de dénicher les futurs groupes électro-pop français et étrangers qui perceront dans les années à venir. On entendra ainsi pour la première fois des titres de Metronomy, Digitalism ou Two Door Cinema Club dans les compilations du label parisien. Porté par des goûts plus pop que les autres labels de l’époque, Kitsuné va permettre à des artistes comme Yelle, Jupiter, Anoraak ou encore Housse de Racket de se faire une place dans cette scène, notamment via les compilations Kitsuné Parisien, uniquement dédiées aux artistes français. Et ce, tout en continuant à sortir des collections de vêtements chaque saison, que les artistes portent dans leurs clips.

pochettes des compilations Kitsuné Maison

décembre 2005

Justice sature le dancefloor

Pour son premier EP, Justice frappe fort : avec ses basses crasseuses, sa saturation maximum et son final disco épique, “Waters Of Nazareth” marque son époque, tant il tranche avec le son électronique auquel les Français nous ont habitués. Un titre tellement étrange que certaines renverront leur vinyle du morceau à Ed Banger en pensant qu’il était rayé.